La vente de fruits et légumes en porte-à-porte soulève des interrogations. Depuis plusieurs jours des particuliers se retrouvent avec des kilos et des kilos de pommes de terre, pommes, oignons ou encore carottes dans leur garage. La technique de vente, visiblement bien rodée, finit par contrarier. Mais il est trop tard quand la carte bleue est passée.

Du local, du bio, une activité en famille

Vanessa n’en revient toujours pas quand elle regarde les cagettes entreposées dans son garage. 10 kilos d’oignons, 16 kilos de pommes, 14 kilos de carottes des sables et des cagettes de pommes de terre envahissent son garage. « Je me demande encore comment j’ai pu acheter tout ça, raconte la jeune femme. Tout est allé très vite et je me suis fait avoir. » La semaine dernière, un homme a garé sa camionnette devant son domicile pour lui vendre à bon prix des produits locaux. « J’avais confiance il m’a dit être exploitant avec son grand-père à Saint-Marceau, que c’était du bio et rien que du local, et il m’a fait goûter une pomme, poursuit Vanessa. Je n’ai pas eu le temps de lui faire comprendre que j’étais intéressée qu’il déposait tout dans mon garage. »

Trop tard pour faire machine arrière

De quoi nourrir une garnison. « J’ai bien vu la quantité considérable mais c’est pas facile de dire non après coup, j’ai eu le sentiment de m’être fait avoir quand il est reparti », indique la trentenaire. Le débit de près de 180€ sur sa carte bleue ne va pas lui remonter le moral. Vanessa souffle: « J’ai cru que c’était une bonne affaire, avant de me rendre compte en faisant mes recherches que cet homme n’était pas du tout du coin. Une belle arnaque. »

Des prix loin de défier toute concurrence

Nous avons contacté le primeur Le Lokum installé à Mohon pour comparer les prix avec les produits achetés par Vanessa. Le gérant n’a pas été surpris de notre appel « C’est du classique ces commerçants ambulants sans aucun scrupule restent quinze jours et bougent ensuite, les gens se font avoir car les prix ne sont absolument pas bon marché », lance-t-il. Bon, comparons les prix justement. Vanessa a acheté 14 kilos de carottes des sables à 3€80 le kilo. Le Lokum les vend 2€ le kilo. Même constat pour les pommes Reine de reinette facturées 3€80/kilo. Le prix s’affiche à 1€10/kilo chez le professionnel ardennais. On passera les oignons jaunes à 4€99/kg alors que le Lokum les vend 0,80 cts/kilo. Pas la peine d’aller plus loin… Enfin si, deux rues plus loin car Patrick est lui aussi tombé dans le panneau. Même technique d’approche et même résultat. « Ça s’appelle de la vente forcée et nous n’avons aucun recours, je m’en veux et c’est tout », souffle le retraité visiblement très agacé.

Une société en règle

C’est vrai que la facture émise est en règle sauf que la société n’est pas vraiment basée à Saint-Marceau comme annoncée mais plutôt à Caen. « Ça vient surtout de Rungis tout ça », coupe Patrick. Le règlement est tout aussi en règle puisque le vendeur a souhaité faire une carte bleue. « Ça renforce la confiance parce qu’au début je lui ai proposé du liquide, renseigne Vanessa. Si au moins mon exemple pouvait éviter à d’autres personnes de se faire avoir. » En recherchant sur les réseaux, Vanessa a retrouvé d’autres personnes victimes du même vendeur: Samuel Munoz. Contacté, le professionnel n’a pas souhaité aborder le sujet en coupant court à la discussion. Ses seuls mots: « C’est bien bonne journée. » Et il a raccroché.

Samuel Thiolière